"Cela fait quatre mois qu’ils sillonnent les couloirs du service oncologie du CHwapi, l’hôpital de Tournai. Dans leur blouse bleue, ces bénévoles font le tour des chambres. Après les chimiothérapies, ils emmènent les patients qui le souhaitent dans un local annexe à l’ambiance zen et tamisée. C’est là que débute la séance de reiki, cette méthode de soins non conventionnelle venue tout droit du Japon. A l’aide de gestes lents et précis, Benoît et Alain touchent certains points du corps du patient. " C’est un toucher léger, attentif aussi, qui va passer par différentes positions. Autour de la tête de la personne, autour de son cou, éventuellement sur son cœur, sur son ventre. On va prendre les épaules, on va prendre les mains, nous montre Benoît Urbain, l’un des bénévoles reiki. Mais c’est toujours une façon de créer le contact. Et c’est à la faveur du contact qu’on crée qu’il se passe quelque chose. " Tant que je suis ici c’est un moment où je ne pense pas à ma maladie.
Un moment de relaxation
Le reiki apporte de la relaxation. Ses bienfaits ne sont pas prouvés scientifiquement. Mais au sein du CHwapi, de plus en plus de patients se laissent convaincre par une séance. Allongé sur la table de soins, Eric en fait un passage obligatoire après sa chimiothérapie. " Tant que je suis ici c’est un moment où je ne pense pas à ma maladie. Ça me détend ", confie-t-il.
Chaque jour, les bénévoles reiki sont présents. Ils se relayent auprès de ceux qui le souhaitent. Quand ils ne sont pas dans le service oncologie, ils se déplacent aux soins palliatifs. A chaque fois la démarche est la même : proposer au minimum un moment de relaxation. " On aide les patients à trouver ce lâcher-prise qui leur permet de passer à travers ou de passer au-delà des souffrances qui sont inhérentes à leur parcours médical, reprend Benoît Urbain. On n’a pas d’autre prétention que celle-là, mais visiblement le bien-être est là. Et on est heureux de savoir que ça fonctionne. "
La séance de reiki est proposée au patient après les soins conventionnels.
"Certains nous ont pris pour des illuminés"
Proposer le reiki dans un cadre hospitalier était pourtant tout sauf évident. " A priori ce genre de technique n’aurait pas sa place, parce que ça n’a pas l’air d’être très rationnel ", reconnaît le praticien reiki. " Au début, certains patients nous ont même pris pour des illuminés. On nous a demandés : "c’est une religion ? Est-ce qu’il faut croire à quelque chose ? Bah non. Il faut juste expérimenter. Une fois passé ce premier mur de surprise, d’étonnement, ça marche. "
Avant de pousser la porte du CHwapi, il a donc fallu convaincre. L’humilité des bénévoles a sans doute aidé. " Nous ne sommes pas des guérisseurs. C’est vraiment complètement erroné et, je trouve, complètement arrogant de penser que nous ayons un quelconque rôle à jouer dans ce domaine-là. Par contre, nous soutenons, nous accompagnons. Et ça aide à un chemin de guérison. "
Le bisou magique de maman
Pour Catherine Konieczny, infirmière responsable du service oncologie, les séances reiki font du bien aux patients.
Dans sa blouse blanche de soignante, l’infirmière responsable du service oncologie Caroline Konieczny voit la présence des bénévoles reiki comme un plus dans l’accompagnement des malades. " Les bienfaits sont parfois même visibles dès la fin de la séance, explique-t-elle. Le patient a pu rentrer dans un sommeil, il a peut-être moins de douleurs. Même si nous restons avant tout focalisés sur les soins conventionnels, l’un n’empêche pas l’autre. On peut toujours apporter du bien-être au patient en même temps. " Et le contrat est clair entre soignants et bénévoles, chacun reste à sa place. Benoît Urbain et son équipe se définissant simplement comme des accompagnateurs de bien-être. Les patients convaincus penseront peut-être que ces bénévoles ont un don. Benoît Urbain n’est pas de cet avis. " Il ne faut pas de don pour pratiquer le reiki. Ou bien nous l’avons tous. Le toucher magique du reiki tout le monde le connaît, tout le monde a entendu parler du bisou magique de maman ou de souffler sur un bobo. Et ça marche ! Qu’est-ce qui s’est passé ? C’est juste mental ? Ou bien il y a quelque chose qui ne s’explique pas. Ce qui compte c’est le résultat. L’enfant se sent mieux, le patient se sent mieux. ", conclut-il.
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